Institutions participantes : HEP BEJUNE, HEP FR, HEP Vaud, IUFE-UNIGE, IRDP, SRED
Analyse approfondie des repères théoriques, des ressources didactiques et des pratiques d’enseignement de deux notions grammaticales clés: le complément du nom et les valeurs des temps du passé ; expérimentation de séquences d’enseignement de ces deux objets, au primaire et au secondaire; formulation de principes d’ingénierie didactique pour l’enseignement grammatical, en lien avec l’enseignement textuel.
Equipe de recherche :
- Ecaterina Bulea Bronckart (UNIGE)
- Véronique Marmy Cusin (HEP FR)
- Roxane Gagnon (HEP Vaud)
- Florence Aubert (HEP BEJUNE)
- Daniel Bain (SRED Genève)
- Rosalie Bourdages (HEP Vaud)
- Jean-Paul Bronckart (UNIGE)
- Vincent Capt (HEP Vaud)
- Anouk Darme (UNIGE)
- Virginie Degoumois (HEP Vaud et UNIGE)
- Jean-François de Pietro (IRDP)
- Serge Erard (UNIGE)
- Christopher Laenzlinger (UNIGE)
- Matthieu Mehran (UNIGE)
- Martine Panchout-Dubois (HEP Vaud)
- Sandy Stoudmann (UNIGE)
Stagiaires:
- Egzona Hamzaj, auxiliaire de recherche (Université de Genève)
- Céline Pauchard, stagiaire postmaster (HEP Fribourg)
Supports des présentations du projet lors de la Deuxième journée des didactiques disciplinaires du 23 mars 2018
En savoir plus sur cette journée du 23 mars 2018…
Avancement du projet – décembre 2020
Ce qui a été fait depuis le semestre passé
Observation des pratiques ordinaires des enseignant·e·s:
Les pratiques ordinaires de 17 enseignant·e·s (5 séquences pour l’objet « valeurs des temps du passé » et 13 séquences pour l’objet « complément du nom ») ont été captées, d’une part, sous la forme de leçons filmées, d’autre part, sous la forme d’entretiens audio des enseignant·e·s, avant et après la pratique.
Élaboration et expérimentation de séquences d’enseignement:
Quatre premières séquences d’enseignement (deux objets grammaticaux choisis – TdP et CN ; niveaux scolaires – 7-8e et 10e) sont en cours d’expérimentation par des enseignant·e·s. Pour l’instant, 8 pratiques enseignantes (4 en 7e/8e et 4 en 10e) ont été captées, soit sous la forme de leçons filmées, soit sous la forme d’entretiens audio avec les enseignant·e·s avant et après la pratique. Quant aux élèves, leur progression dans les apprentissages est évaluée grâce à un prétest et un posttest ainsi que par l’analyse des productions de 6 élèves par classe. Leur perception de la séquence est prise en compte par un court questionnaire (cases à cocher et réponses brèves).
Résultats obtenus
Des séquences d’enseignement articulant objets grammaticaux et objets textuels
Quatre séquences didactiques conçues en fonction de deux formes d’articulation, pour les deux objets grammaticaux choisis et les niveaux scolaires définis (7-8e et 10e), sont en phase de test alors que quatre autres séquences sont en voie de finalisation.
Concernant la transposition didactique de l’objet syntaxique, le complément de nom, nous nous sommes interrogées sur les implications de la perspective du décloisonnement de nos séquences d’enseignement sur les caractéristiques définitoires de cet objet (Marmy, Stoudmann & Degoumois, soumis).
Au regard de la transposition didactique de l’objet valeur des temps du passé, nous avons développé une carte conceptuelle de cet objet en vue d’expliciter les savoirs potentiellement à enseigner. Nous avons ainsi rendu compte de « l’hybridité » de cet objet, c’est-à-dire de ses composantes, de son inscription dans les différents volets du français, des articulations effectives ou possibles.
À partir d’analyses antérieures et d’une analyse d’un corpus de textes issu de la récolte de données de pratiques courantes, nous avons cerné quelques difficultés emblématiques d’élèves du début du secondaire relativement à l’usage des temps du passé dans les textes. Nous avons ensuite proposé un réseau de concepts opératoires qui pose les bases d’élaboration de séquences d’enseignement adaptées aux élèves du premier cycle de secondaire (Merhan & Gagnon, soumis).
L’observation des élèves dans les pratiques courantes met en évidence certaines difficultés propres à l’enseignement du CN : confusions entre classes grammaticales, groupes et fonctions, difficulté à identifier les CN, à les délimiter et à les distinguer d’autres fonctions, manque d’outillage pour cette identification (Darme-Xu, Marmy & Degoumois, sous presse). Du côté des TdP, l’institutionnalisation ou l’exposé des dimensions de l’objet se limitent à un ensemble de valeurs relativement fixes, ne prenant pas en compte certaines dimensions (parfois abordées au fil des différentes activités) pourtant importantes pour le calcul des valeurs des temps (organisateurs, aspect, séquence textuelle dans lesquels apparaissent les temps, etc.) (ibid.). L’analyse de ces pratiques courantes a aussi permis d’approfondir la réflexion liée à la construction de séquences didactiques cohérentes sur le plan théorique, efficientes, notamment dans la construction de savoirs métalinguistiques par les élèves leur permettant ensuite une utilisation efficace dans des activités de production comme de compréhension, mais aussi acceptables pour les enseignant·e·s, de par leur proximité avec leurs pratiques et leur « zone d’efficience » (Gagnon & Laurens, 2018). Nous avons défini ce type d’ingénierie didactique comme interactive (ibid).
L’architecture générale du projet, prenant en compte les évolutions décrites ci-dessus et décrivant ce faisant les principes sous-tendant la conception des séquences et la manière de considérer les pratiques courantes, a fait l’objet d’une publication dans la revue L1- Educational Studies in Language and Literature (Bulea Bronckart, 2020).
Présentations et publications
Communications:
- Colloque DIDACTIfen (2020). Communication : L’identification des obstacles pour appréhender les processus de conceptualisation des élèves en grammaire. (S. Stoudmann, Université de Genève), 7-8 juillet 2020, Université de Liège (en ligne).
- Colloque de la Société suisse pour la recherche en éducation (2020). Communication : Faire circuler les savoirs entre enseignant.e.s et chercheur.e.s : des pratiques ordinaires à la création de dispositifs innovants en grammaire (A. Darme-Xu, Université de Genève, V. Degoumois, HEP Vaud et V. Marmy , HEP Fribourg), 31 aout – 2 sept. 2020, HEP- BEJUNE (en ligne).
- Colloque de la Société suisse pour la recherche en éducation (2020). Communication : Enseignement et apprentissage de la valeur des temps verbaux : quelles interactions pour quelle circulation des savoirs ? (M. Merhan, Université de Genève) ), 31 aout – 2 sept. 2020, HEP- BEJUNE.
- 11e Journée de Linguistique Suisse. Communication : Articuler grammaire et texte en classe de français : les facettes linguistiques et didactiques d’un enseignement renouvelé de la langue (E. Bulea Bronckart, Université de Genève, R. Gagnon, HEP Vaud, V. Marmy Cusin, HEP Fribourg), 6 novembre 2020, Université de Fribourg (en ligne).
- Journée doctorale en didactique des langues, Université Autonome de Barcelone. Conférence : Un proyecto de ingeniería didáctica que combina gramática y textos : desafíos y perspectivas (E. Bulea Bronckart).
Publications:
- Bulea Bronckart, E. (2020). Reflections on teaching devices articulating grammar and text. L1- Educational Studies in Language and Literature, 20, 1-27. https://doi.org/10.17239/L1ESLL- 2020.20.03.06
- Marmy, V., Stoudmann, S. & Degoumois, V. (soumis). La fonction de complément de nom, entre grammaire et texte : un espace pour réinterroger la discipline français et sa didactique. Dans E. Bulea Bronckart & C. Garcia-Debanc (dir.), L’étude du fonctionnement de la langue dans la discipline Français : quelles articulations? (pp. XX). Namur : Presses universitaires de Namur.
- Merhan, M. & Gagnon, R. (soumis). Repenser l’enseignement des temps du passé à l’aide de la notion d’articulation. Dans E. Bulea Bronckart & C. Garcia-Debanc (dir.), L’étude du fonctionnement de la langue dans la discipline Français : quelles articulations? (pp. XX). Namur : Presses universitaires de Namur.
- Darme-Xu, A., Marmy, V. & Degoumois, V. (sous presse). Partir des pratiques courantes en grammaire pour concevoir des outils efficients : vers une ingénierie didactique interactive. In P. Roy, B. Gremaud, J. Letouzey & K. Cuko, Actes du colloque sur les recherches participatives de Fribourg.
- Colloque de la Société suisse pour la recherche en éducation (2020). Communication : Enseignement et apprentissage de la valeur des temps verbaux : quelles interactions pour quelle circulation des savoirs ? (M. Merhan, université de Genève) ), 31 aout – 2 sept. 2020, HEP- BEJUNE (en ligne).
Autre
Egzona Hamzaj, auxiliaire de recherche et stagiaire (Université de Genève), et Céline Pauchard, stagiaire postmaster (HEP Fribourg), ont rejoint l’équipe.
Avancement du projet – avril 2020
Ce qui a été fait depuis le semestre d’automne 2019 [voir ci-dessous]
Les pratiques ordinaires des enseignant·e·s
Les pratiques ordinaires de 17 enseignant·e·s (5 pour l’objet « valeurs des temps du passé » et 13 pour l’objet « complément du nom ») ont été captées, d’une part sous la forme de leçons filmées, d’autre part sous la forme d’entretiens audio avant et après la pratique. Nous continuerons de capter des pratiques ordinaires. Ces pratiques sont en cours d’analyse à l’aide d’une grille identifiant à la fois le pôle enseignant (activités, actions et outils mis en œuvre), le pôle objet (dimensions, métalangage et obstacles visibles dans les interactions) et le pôle élève (tâche attendue) dans l’enseignement-apprentissage grammatical.
Par ailleurs, nous sommes en train de finaliser la construction d’outils méthodologiques pour la partie « expérimentation » qui a été repoussée en automne 2020 pour des raisons liées à la crise sanitaire : grilles d’observation, canevas pour les entretiens semi-directifs avec les enseignant·e·s avant et après la mise en œuvre, instrument pour que certains élèves puissent donner une rétroaction à propos des activités proposées après la mise en œuvre.
Résultats obtenus
Des séquences d’enseignement articulant objets grammaticaux et objets textuels
Les séquences didactiques conçues en fonction de deux formes d’articulation pour les deux objets grammaticaux choisis, certaines pour les 7H et d’autres pour les 10H, sont en cours de finalisation pour passation dès septembre 2020. Une des formes d’articulation, pensée dans une logique d’alternance rapprochée (SAR), se centre d’abord sur l’analyse et la conceptualisation grammaticales de la notion avant de penser son réinvestissement textuel. L’autre forme d’articulation, pensée dans une logique d’intégration structurante (SIS), ancre davantage le travail grammatical dans les textes, en partant du texte pour revenir au texte après une partie intermédiaire d’analyse et conceptualisation.
Nous avons construit un outil pour guider le travail de l’enseignant·e dans la mise en œuvre de chaque activité proposée. Cet outil est pensé dans une perspective ergonomique, afin que l’enseignant·e identifie rapidement les objectifs et étapes de chaque activité, avec une analyse à priori autant des réponses attendues des élèves que des obstacles potentiels. Les éléments de savoir à institutionnaliser sont clairement visibles, avec de brèves considérations théoriques à propos de l’objet enseigné.
De même, des capsules vidéo présentant les séquences construites et les choix méthodologiques sont en cours de construction.
Comme mentionné, l’expérimentation de ces séquences est repoussée à l’automne pour des raisons liées à la crise sanitaire.
Participations à des colloques ou publications
- Colloque international francophone sur les recherches participatives (2019), Symposium « La recherche collaborative dans le champ de la didactique du français : un espace d’échanges entre chercheur.e.s et enseignant.e.s pour construire des outils didactiques utiles, utilisables et acceptables » (V. Marmy , HEP Fribourg ; A. Darme-Xu et V. Degoumois, Unige) org. 29-28 novembre 2019, HEP : Fribourg.
- Communication : mobiliser les analyses de pratiques ordinaires en grammaire pour penser la collaboration avec les enseignants dans une recherche orientée vers la conception d’outils (V. Marmy, A- Darme-Xu et V. Degoumois)
- 6th International Conference on Grammar & Text (GRATO), Université Nouvelle de Lisbonne, 14-16 novembre 2019. Communication : La valeur textuelle du complément du nom. Une approche linguistique et didactique(E. Bulea Bronckart).
Diverses publications sont en préparation ou en cours d’expertise.
Avancement du projet – octobre 2019
Ce qui a été fait depuis le semestre de printemps 2019 [voir ci-dessous]
Les pratiques ordinaires des enseignant·e·s
Les pratiques ordinaires de 9 enseignant·e·s (4 pour l’objet « valeurs des temps du passé » et 5 pour l’objet « complément du nom ») ont été captées, d’une part sous la forme d’entretiens audios avant et après la pratique, d’autre part sous la forme de leçons filmées. Ces pratiques sont en cours d’analyse.
Du côté de l’enseignant·e, nous sommes en train de construire une grille d’analyse des schèmes d’action récurrents dans l’enseignement grammatical, en les distinguant notamment en fonction de la posture adoptée. La posture de contrôle a pour objectif de guider les élèves vers la consigne ou la « bonne réponse » en simplifiant parfois la tâche à l’essentiel alors que la posture d’accompagnement a pour objectif de faire raisonner les élèves en les aidant à verbaliser leurs réflexions, à justifier et confronter leurs réponses. S’il semble parfois nécessaire de cadrer le travail en train de se faire, notamment pour des impératifs temporels, nous faisons l’hypothèse que pour permettre aux élèves de passer de leurs connaissances intuitives à un savoir grammatical commun et généralisable, il est nécessaire d’aider les enseignant·e·s à favoriser une posture d’accompagnement. Ce constat nous invite à particulièrement soigner les consignes et matériaux proposés aux enseignant·e·s dans les activités didactiques qui seront proposées au printemps prochain (Marmy Cusin, 2019)
Du côté de l’élève, nous essayons de décrire et de délimiter le concept de raisonnement de type grammatical, souvent convoqué, mais peu défini. Les premières analyses exploratoires des pratiques courantes au sujet de l’objet syntaxique « complément du nom » (CdN) soulèvent la question des traces du processus de raisonnement des élèves, traces langagières ou praxéologiques, nécessaires pour permettre aux enseignant.e.s et chercheur.e.s d’inférer les caractéristiques grammaticales sur lesquelles les élèves s’appuient pour construire leurs connaissances. Une réflexion autour des dispositifs didactiques permettant aux élèves de justifier leurs analyses apparaît comme essentielle pour comprendre les processus d’apprentissage d’un objet grammatical et de son fonctionnement au sein du système de la langue (Stoudmann, 2019).
Du côté des objets enseignés, le complément du nom (CdN) se révèle être un objet d’enseignement plus complexe qu’il n’apparaissait au premier abord, notamment parce que cet objet implique souvent la connaissance et la maitrise d’autres fonctions (voir onglet « premiers résultats »). D’autres constats ont été dressés suite aux premières analyses des observations de classes réalisées jusqu’à présent. Il s’avère en effet que l’enseignement du CdN se réalise le plus souvent sans que son étude soit inscrite au sein du groupe nominal. Ainsi, le CdN est identifié directement à partir du nom complété. En outre, les dimensions que les enseignant·e·s mobilisent le plus régulièrement dénotent une conception de l’objet plutôt sémantique : les critères proposés pour définir ce qu’est un CdN sont relativement succincts (le CdN complète le nom, il est situé après le nom, il donne des précisions) et les manipulations syntaxiques sont peu mobilisées.
En ce qui a trait à la valeur des temps du passé, nous avons déployé une carte heuristique, pour mieux comprendre les choix didactiques opérés par les acteurs. La valeur des temps est appréhendée comme un ensemble de calculs qui découlent de la représentation de l’expérience du temps de l’élève, de phénomènes textuels et des composantes paradigmatiques, flexionnelles de la langue (Merhan & Gagnon, 2019).
Pour les deux objets, la question du raisonnement grammatical est investie du point de vue de sa conception, des moyens de le solliciter ou des méthodes pour l’appréhender (Merhan, 2019; Stoudmann, 2019).
Des séquences d’enseignement articulant objets grammaticaux et objets textuels
Nous sommes aussi en train de réfléchir à l’articulation entre objets grammaticaux et textualité, au cœur de notre recherche et des dispositifs que nous proposerons dès le printemps 2020 aux enseignant·e·s. De ce point de vue, nous distinguons d’abord deux niveaux :
- un niveau « de principe » de l’articulation, qui concerne la discipline « français » dans son ensemble, telle qu’elle est préconisée par les documents d’orientation de l’enseignement en Romandie ;
- et un niveau « d’opérationnalisation didactique » qui concerne la concrétisation de ce principe dans les activités pratiques en classe.
Dans les séquences en cours d’élaboration, nous proposerons au sein de la même unité d’enseignement un agencement de tâches combinant réflexion syntaxique, réflexion textuelle et réinvestissement réciproque de ces deux domaines (Bulea Bronckart, 2019). Nous réfléchissons par exemple à des activités textuelles (de lecture ou d’écriture) dans lesquelles les activités grammaticales aident réellement les élèves à mieux écrire et mieux lire (Marmy, 2019). Nous sommes aussi particulièrement attentif·ve·s à inclure dans les dispositifs des tâches qui suscitent de la part des élèves de la manipulation (composante praxéologique), de la justification (composante verbale) et de la conceptualisation (composante cognitive).
Du point des objets enseignés, ceux-ci sont envisagés sous une double facette : en tant que savoir à stabiliser (partie « à connaitre ») à un moment donné du cursus, selon la progression du PER ; et en tant que savoir à réélaborer (partie « à réfléchir »), ouvrant vers les apprentissages attendus à une étape ultérieure ou en situation de transfert. Les distinctions évoquées ci-dessus sont également des résultats au niveau théorique concernant les savoirs grammaticaux à enseigner (Bulea, 2019).
Premiers résultats à partir des tests critériés
Les tests critériés, liés aux deux notions et permettant d’en évaluer la maitrise par les élèves, ont été testés dans quelques classes. Des analyses statistiques des tests ont permis une analyse édumétrique de l’outilvisant à différencierles niveaux et types de difficulté desitems proposés dans ces tests.
Concernant le complément du nom (CdN), certains obstacles épistémologiques ont été observés notamment :
- des problèmes de délimitation des CdN dus notamment à leur emboitement ou juxtaposition (par exemple « Celle-ci accueillait les enfants [qui venaient de Grande-Bretagne] , [dont les parents travaillaient dans la capitale et n’avaient pas les moyens d’envoyer leur progéniture dans un pensionnat au pays] (extrait du roman L’évasion de Robert Muchamore, Casterman, 2010))
- des confusions entre le complément du nom et certaines autres fonctions syntaxiques (CP, CV, attribut du sujet).
L’une de nos hypothèses est que certains élèves ont tendance à surgénéraliser une observation, par exemple en pensant que tous les groupes prépositionnels sont des CdN (Stoudmann, Aubert et Darme-Xu, 2019).
Les premières analyses des tests liés aux valeurs des temps du passé ont montré que certains items, notamment lorsqu’on demande à l’élève de choisir les temps des verbes dans un texte, ne peuvent pas vraiment être considérés comme indépendants, en raison de l’insertion des items dans la « chaine » du texte et de la cohésion verbale. Ce constat nous amènera certainement à préférer une approche descriptive à une approche quasi expérimentale (Bain, 2019).
L’analyse conjointe de ces premiers résultats d’élèves et de l’objet a aussi permis d’élaborer une première liste de facteurs susceptibles d’influencer le calcul de la valeur du temps du verbe (Bronckart, Bain, Bourdages, Gagnon & Merhan, 2019 ) :
- Du côté du texte proposé, le genre et le type de texte, le type et la forme des phrases, le type de verbe, la voix, le mode et la personne de la forme verbale, les paramètres communicatifs du discours et enfin le cotexte (par ex. la proximité d’un adverbe ou d’un organisateur textuel temporel).
- Du côté des élèves, l’enseignement sur le temps en question donné ou non (10eH vs 7eH), la compréhension par l’élève du sens du verbe ainsi que les lectures personnelles et scolaires récentes de l’élève.
Participations à des colloques ou publications
Colloque « Les 6èmes Rencontres internationales de l’interactionnisme socio-discursif, Linguagem e desenvolvimento humano e profissional : desafios e perspectivas » : symposium O ensino gramatical em questão: perspectivas e desafios / L’enseignement grammatical en question: perspectives et défis (Bulea Bronckart, E. et Guimaraes, A.-M., org.), 2-5 juillet 2019, Porto Alegre : UNISINOS.
- Les valeurs des temps du passé pour penser la circulation des savoirs grammaticaux (Merhan, M.), 2-5 juillet 2019, Porto Alegre : UNISINOS.
- Des traces de raisonnements grammaticaux d’élèves à la construction d’une interprétation outillée (Stoudmann, S.), 2-5 juillet 2019, Porto Alegre : UNISINOS.
Séminaire : « Séminaire annuel du groupe de didactique de l’Université de Toulouse et ESPE Toulouse Midi-Pyrénées », Pourquoi et comment articuler objets grammaticaux et textualité ? De l’analyse des pratiques courantes à la création de séquences d’enseignement (et retour)(Bulea Bronckart, E.), 18 juin 2019, Toulouse : Université de Toulouse. Conférence invitée.
Workshop : « Étude de la langue et écriture », Un enseignement de la grammaire en articulation avec les textes : raisons, enjeux et défis (en Suisse romande) (Bulea Bronckart, E.), 19 juin 2019, Toulouse : Université de Toulouse et ESPE Toulouse Midi-Pyrénées.
Marmy Cusin, Vet Bulea Bronckart, E. (sous presse). Vers une didactique fondamentale de la grammaire : principes et dispositifs pour articuler grammaire et textes. Le dialogue des didactiques disciplinaires entre cultures linguistiques : documentation du colloque des didactiques disciplinaires du 5 avril 2019. Berne : Swissuniversities.
Colloque de l’AIRDF « Les concepts dans la recherche en didactique du français. Émergence et création d’un champ épistémique», Communication : Des concepts pour analyser le travail réel de l’enseignant·e et des élèves dans une leçon grammaticale (Marmy Cusin V. & Stoudmann, S.), 27-29 août 2019: Lyon.
Colloque du « Colloque du Conseil académique des hautes écoles romandes en charge de la formation des enseignant·e·s (CAHR 2019) », Symposium « Des traces aux pistes d’enseignement et de formation dans le domaine de la grammaire » (E. Bronckart, V. Marmy et R. Gagnon, org.). 12-13 septembre 2019, Delémont : HEP Bejune.
- Penser la didactique de la grammaire au sein de la formation romande des enseignant·e·s primaires. Quelles pistes pour façonner les futures pratiques aux cycles I et II ? (Degoumois, V.)
- Une carte heuristique pour lire les traces des choix opérés par les prescripteurs : la valeur des temps du passé (Gagnon, R. & Merhan, M.).
- Sur la trace des dispositifs didactiques sous-tendant les pratiques grammaticales des enseignant·e·s (Darme-Xu, A.).
- Des traces des régulations et obstacles d’élèves dans des pratiques enseignantes ordinaires aux pistes d’action pour la conception d’activités grammaticales innovantes (Marmy Cusin, V.).
- Des traces de raisonnements grammaticaux d’élèves aux pistes de leur interprétation (Stoudmann, S.).
- Grammaire(s) « traditionnelle(s) », grammaire(s) « rénovée(s) » : quelles traces dans les pratiques verbales des enseignant·e·s ? (Bulea Bronckart, E.)
Workshop interne GRAFE’MAIRE (2019) avec Marie Nadeau et Carole Fischer comme invitées (E. Bulea Bronckart et A. Darme, org.). 10-11 octobre 2019, Univerté de Genève
- Présentation générale du projet de recherche GRAFE’MAIRE (Bulea Bronckart, E.)
- Zoom sur les élèves : accès aux savoirs et raisonnements grammaticaux, questions métalinguistiques/métalangagières (Stoudmann, S., Bourdages, R. & de Pietro, J.-F.)
- Zoom sur l’enseignant·e : dispositifs et/ou modalités de collaboration (Gagnon, R., Marmy Cusin, V., Darme-Xu & A., Degoumois, V.)
- Zoom sur les objets : dimensions de l’objet à enseigner, élaboration de tests sur cet objet, problèmes de codage et analyse, options didactiques ;
le complément du nom (Stoudmann, S., Aubert F. et Darme-Xu, A)
2. les valeurs des temps du passé (Bronckart, J.-P., Bain, D., Bourdages, R. & Merhan, M.) - Quelle articulation entre objets grammaticaux et textualité ? Quelle place pour la syntaxe, le sens, les (genres de) textes ? (Marmy Cusin, V., Capt, V. et Bulea Bronckart, E.)
- Les enjeux actuels de l’enseignement grammatical (Degoumois, V. et Panchout-Dubois, M.)
Avancement du projet – mars 2019
Ce qui a été fait depuis le semestre d’automne 2018 [voir ci-dessous]
Durant l’automne et l’hiver 2018-2019, nous avons surtout finalisé les instruments de recherche pour l’expérimentation des séquences d’enseignement au primaire et au secondaire. Actuellement, les tests critériés permettant d’évaluer la maitrise de la notion par les élèves avant et après la mise en œuvre des séquences sont finalisés. Ces tests sont adaptés en fonction des niveaux scolaires (7e et 10e Harmos) et sont, pour les deux objets grammaticaux, constitués de tâches de productions textuellement ciblées et grammaticalement orientées, d’identification, d’étiquetage et de réflexion/justification quant à l’usage des formes grammaticales utilisées en contexte textuel.
Par ailleurs, les contacts avec les participant·e·s à la recherche sont en cours dans les trois cantons. Cette collaboration future a demandé une délimitation précise des objets grammaticaux étudiés et des décisions sur la manière de les nommer, en nous appuyant sur les métalangages utilisés dans le plan d’études (CIIP, 2010), les mementos à disposition des enseignants (CIIP, 2013) et des élèves (CIIP, 2014 et 2015) ainsi que dans les moyens d’enseignement actuellement en vigueur. Cela a conduit à l’élaboration de documents spécifiques ayant l’allure de « fiches d’identité » de chaque objet. Les canevas d’entretiens avec les enseignants ont également pu être finalisés, et des tests techniques de placements des caméras et des micros ont été effectués. Le démarrage des enregistrements est prévu pour la mi-mars 2019.
Participations à des colloques ou publications (depuis automne 2018)
- Colloque « Congrès international sur l’enseignement de la grammaire (Congram19) », Entre la prescription et la pratique, les moyens: réflexion autour de dispositifs d’enseignement articulant grammaire et texte (Bulea Bronckart, E.), 23-25 janvier 2019, Barcelone : Université autonome de Barcelone (GREAL)
- Colloque « Congrès international sur l’enseignement de la grammaire (Congram19) », Metasyntactic ability: from psycholinguistic measures to didactic interventions (Bourdages, R., Capt, V., Foucambert, D. & Gagnon, R.), 23-25 janvier 2019, Barcelone : Université autonome de Barcelone (GREAL)
- Colloque « VI Fórum de Linguística Aplicada: Ensino e Aprendizagem de Línguas (FLAEL), Perspetivas didáticas e formativas em Gramática e Texto », Articuler objets grammaticaux et objets textuels dans l’enseignement des langues : arguments théoriques et défis didactiques (Bulea Bronckart E.), 16-18 janvier 2019, Lisbonne : Université Nouvelle de Lisbonne. Conférence plénière de clôture.
Avancement du projet – octobre 2018
À titre de rappel, le but de ce projet soutenu par le 2Cr2D est d’une part une analyse approfondie des repères théoriques, des ressources didactiques et des pratiques d’enseignement de deux notions grammaticales clés, le complément du nom (CdN) et les valeurs des temps du passé, d’autre part l’expérimentation de séquences d’enseignement de ces deux objets, au primaire et au secondaire. Sur la base de ces deux volets, le projet se donne comme objectif théorique la formulation de principes d’ingénierie didactique pour l’enseignement grammatical, en lien avec l’enseignement textuel.
Remarque: une version plus ample et complexe de ce projet, intitulée Principes d’une didactique fondamentale de la grammaire. Analyse de la situation en Suisse romande, expérimentation de dispositifs innovants et réexamen du statut de la transposition des objets grammaticaux, bénéficie depuis le 1erseptembre 2018 d’un subside FNS, pour une durée de 4 ans (requête n° 100019_179226, requérante principale E. Bulea Bronckart, co-requérantes V. Marmy Cusin et R. Gagnon).
Avancement du projet et état des lieux
Les fonctions grammaticales et la fonction de CdN dans les moyens officiels : Analyse de la situation en Suisse romande
Certains membres de notre équipe ont analysé les exercices dans les moyens officiels en Suisse romande au primaire, soit les manuels L’île aux mots (désormais IAM) et Mon manuel de français (désormais MMF), plus précisément les exercices concernant les fonctions syntaxiques dans les degrés 5e et 8e Harmos et ont tenté d’identifier toutes les actions attendues de la part de l’élève, en référence à une grille construite de manière inductivo déductive (Bulea Bronckart, Marmy Cusin & Panchout-Dubois, 2017).
Pour la collection IAM, l’analyse des actions attendues de la part de l’élève comptabilise 215 actions différentes dans les 118 exercices recensés, la plupart des exercices mobilisant une voire deux actions. L’action la plus sollicitée dans les deux degrés est l’identification d’une fonction ou d’une classe grammaticale donnée dans des phrases, puis la mise en relation entre deux éléments de la phrase (par exemple le sujet et le verbe dans une visée orthographique) (5e) et la distinction entre deux fonctions ou classes grammaticales (8e). Les actions d’identification, de distinction et de mise en relation, seules ou combinées, couvrent la quasi-totalité des exercices en 5e, et cumulées à l’action d’étiquetage, l’essentiel des exercices de 8e. Dans MMF, les 47 exercices proposés suscitent la mise en oeuvre de 87 actions, avec une prédominance de celle d’observer (27 fois). Pour le reste, nous constatons une grande dispersion des actions, qui peut illustrer la sensation, à la lecture des consignes, d’une grande imprévisibilité. S’agissant de la terminologie grammaticale, force est de constater qu’elle présente des incohérences et des zones floues (absence d’un terme pour désigner la fonction du groupe verbal, confusion en la structure « groupe nominal avec préposition » et la fonction de « complément du nom », etc.).
Plus spécifiquement pour l’étude du CdN, le Plan d’Études Romand (PER ) énonce l’objectif d’« identification de la fonction grammaticale de complément du nom, sous les formes de groupe adjectival, groupe nominal avec préposition et phrase subordonnée relative ». Les manuels officiels utilisent plutôt la notion d’« expansion du nom » définie surtout en termes sémantiques (enrichissement ou caractérisation du sens du nom noyau), et si le caractère facultatif des entités ayant cette fonction est parfois évoqué, il ne donne pas lieu à un travail proprement syntaxique. Quant aux manipulations syntaxiques, tests opératoires essentiels dans la grammaire rénovée, elles sont rares, utilisées de manière aléatoire, et très rarement utilisées dans leur fonction de tests en vue d’identifier une fonction ou une classe grammaticale (Chartrand, 2012).
Cet examen préliminaire met en évidence l’indécision qui subsiste dans les manuels concernant le statut, la définition et les modes d’analyse de cet objet d’enseignement. Plus généralement, nos analyses montrent une forte sédimentation d’une grammaire traditionnelle dans les exercices, en particulier dans un moyen comme IAM, et la grande rareté d’exercices qui donnent lieu à une réelle mise en rapport entre exemples, caractéristiques et étiquetage, à des analyses, explicitations et conceptualisations de la part de l’élève, activités grammaticales qui pourraient permettre à ce dernier de déployer des raisonnements grammaticaux et/ou de prendre conscience de ce qu’il ne sait pas qu’il sait (Vygotski, 1934/1997).
Les temps du passé dans les moyens officiels : Analyse de la situation en Suisse romande
S’agissant de la situation actuelle en Suisse romande, le PER énonce, pour les degrés 5-8H, l’utilisation adéquate des oppositions IMP/PS et IMP/PC, et pour les degrés 9-11H, l’identification, l’interprétation et la mise en oeuvre des temps du récit et de leurs valeurs (incluant aussi le présent de narration et le futur du passé). Parmi les manuels en usage, seul
le Livre unique propose une approche systématique des temps du passé, centrée sur la distinction « énoncé ancré vs énoncé non ancré », sur l’opposition avant-plan vs arrière-plan, et sur les rapports d’antériorité/postériorité relatives.
Dans IAM et L’Atelier du langage, l’examen des valeurs des temps du passé s’effectue au cours des activités de reconnaissance et de production de divers genres de textes; la conceptualisation de ces valeurs combine des éléments d’analyse discursive (avant-plan vs arrière-plan), des formulations traditionnelles (« l’imparfait décrit des faits passés qui se déroulent sur une certaine durée ou se répètent ») et des mentions d’oppositions aspectuelles (accompli/non-accompli). Dans MMF , les valeurs des temps du passé ne sont traitées que dans le cadre d’activités de repérage des formes verbales et d’appréhension/compréhension des nuances qui les opposent au sein d’un même texte (PS/IMP) ou dans la comparaison de textes de genres différents (PC pour les récits adressés, PS pour les narrations).
Conception de dispositifs didactiques innovants
Nous sommes en train de construire des dispositifs d’enseignement qui articulent les deux finalités de l’enseignement grammatical, à savoir construire des connaissances ayant trait au système de la langue et développer des compétences utiles pour la production et la compréhension de textes. Ces dispositifs sont pour l’instant à l’étape de modélisations (cf. figure 1), coconstruites au sein du groupe Grafe’Maire et présentées à plusieurs reprises (Marmy Cusin, Bulea Bronckart, & Gagnon, 2018 ; Bulea Bronckart, Marmy Cusin, & Gagnon, 2018), mais ils seront concrétisés en séquences d’enseignement pour chacun des objets et des degrés concernés.
Figure 1 : deux dispositifs d’enseignement: