Approche actionnelle et interculturelle dans l’enseignement des langues : Dans quelle mesure un enseignement de type actionnel et traitant des contenus liés à la culture cible favorise l’ouverture de l’élève face à cette même culture et sa motivation à apprendre ?
Institutions participantes : HEP BEJUNE, HEP Vaud, HEP FR – UNIFR
L’objectif de la recherche est d’évaluer un dispositif didactique et d’en analyser les effets sur le développement de la conscience interculturelle des élèves et leur motivation à apprendre. Il s’agit de considérer l’objectif L37 du PER : « l’exercice de la démocratie est activé par le développement de la maîtrise des règles de la communication, qui incluent entre autres le respect de la parole d’autrui ; plus encore, la découverte de la diversité linguistique et culturelle, dans la classe et dans le monde, ainsi que l’apprentissage d’autres langues favorisent l’ouverture à l’altérité ».
Au niveau théorique, nous visons à questionner et préciser la notion de « culture-interculturalité-transculturalité » de façon à aboutir à un modèle permettant de rendre compte des compétences visées chez les enseignant-e-s et chez les élèves. Il s’agit de faire évoluer une didactique des langues qui se base actuellement sur la transmission des aspects culturels (Landeskunde) pour faire émerger une approche actionnelle visant non seulement la capacité de l’apprenant à agir avec la langue dans un contexte défini, mais aussi une attitude culturelle réflexive lui permettant d’entrer dans une communication en phase avec la réalité des multiples appartenances culturelles de chaque individu. Dans l’élaboration de ce modèle, nous nous référons aux notions de compétence interculturelle (Byram2013), de ‘cosmopolitanism’ (Holliday, 2011), de compétence transculturelle (Domenig 2007, Kappus 2015, Takeda 2012) et de compétence symbolique (Kramsch, 2011), entre autres.
Dans cette recherche de type collaborative, une dizaine d’enseignants ont suivi une formation continue au cours de laquelle ils ont élaboré des séquences didactiques avec les chercheurs. Les séquences réalisées dans les classes ont pu être observées et/ou filmées. Des questionnaires ont été distribués aux élèves et des entretiens semi-directifs ont été réalisés auprès des enseignants.
Les questions que nous nous posons s’orientent autour des axes suivants :
Impact du dispositif sur l’éveil de la conscience interculturelle des élèves et sur la motivation à apprendre
- Quelles sont les caractéristiques d’un enseignement visant les compétences (inter-trans) culturelles ? Quels sont les éléments effectivement enseignés et repris par les élèves ?
- Quelles sont les éléments perçus comme motivants par les élèves et les enseignants ? Ces éléments corroborent-ils les théories de la motivation actuelle?
Dans le cadre de ce projet, Ingo Thonhauser s’est intéressé à la manière dont les enseignant∙e∙s ont abordé les contenus des textes traités. Pour la suite, il souhaite développer un projet de recherche sur la question de l’utilisation et de la didactisation des textes dans l’enseignement des langues étrangères et ceci en lien avec la conceptualisation du répertoire didactique des enseignant-e-s de langue étrangère/seconde.
Pour conclure, les données et analyses de cette recherche empirique permettront de montrer, d’une part, comment les enseignants ont compris et intégré le dispositif dans leur pratique et, d’autre part, comment les élèves l’ont reçu. Il s’agira par conséquent de mettre en évidence les éléments caractérisant un dispositif didactique actionnel et interculturel ainsi que son impact dans des classes de Suisse Romande. Les outils méthodologiques mis en place pourront être réinvestis dans la formation de nouveaux enseignants.
Equipe de recherche :
- Roger Grünblatt (HEP BEJUNE)
- Sandrine Onillon (HEP BEJUNE)
- Ingo Thonhauser (HEP Vaud)
- Thomas Studer (consultant, HEP FR – UNIFR)
- Drita Kelmendi (doctorante, HEP FR)
Publication – septembre 2022
Les derniers développements du projet sont discutés dans l’article suivant:
Onillon, S. and Grünblatt, R. (2022), « Action-based and intercultural approach in foreign language teaching: classroom implementation and impact on learning », Swiss Journal of Educational Research, 44(2), pp. 180–194.
Avancement du projet – décembre 2020
Ce qui a été fait depuis le semestre passé
Toutes les leçons ont été analysées et les résultats présentés lors du Congrès de la SSRE le 31 août 2020.
Résultats obtenus
Afin d’évaluer l’impact du dispositif sur l’éveil de la conscience interculturelle des élèves et sur la motivation à apprendre, les leçons ont été analysées en fonction d’une série d’objectifs (inter-)culturels à atteindre :
- Les élèves apprennent quelque chose de nouveau sur la ou les cultures cibles
- Ils comparent la culture cible avec leur propre culture (similarités et valeurs en lien avec des cultures dominantes.)
- Ils repèrent l’existence de différentes identités sociales au sein d’une même culture (similarités et valeurs au sein de groupes sociaux divers.)
En parallèle, la motivation et l’implication des élèves a été évaluée par le biais des retours des élèves (questionnaires) et des enseignants (entretiens semi-directifs). Nous avons également pris en compte les productions finales des élèves (implication personnelle et qualité des textes).
Les analyses ont montré que les élèves ont décrit et comparé des faits et comportements observables en lien avec leur vécu et les informations reçues sur d’autres cultures, sans toutefois entamer une phase d’approfondissement et de relativisation. Il s’avère que les objets effectivement enseignés varient selon deux axes, à savoir les types de contenus (inter-)culturels choisis par les enseignants et les démarches cognitives encouragées chez les élèves. La motivation à s’investir dans une leçon interculturelle est, quant à elle, positivement influencée par les discussions de groupe et par la réalisation de tâches authentiques impliquant un destinataire réel.
Ces résultats nous ont conduit à revoir le modèle initial de la compétence interculturelle, afin de proposer un dispositif adapté au besoin des enseignant∙e∙s du secondaire 1 et 2 de Suisse Romande. Nous renvoyons le lecteur à l’article qui sera publié prochainement dans la RSSE.
Participation à des évènements, publications à venir
- Onillon, S & Gruenblatt R. (2020) Impact d’une séquence didactique se fondant sur une approche actionnelle et interculturelle en classe de langue étrangère. Congrès de la Société suisse pour la recherche en éducation. « Les savoirs au carrefour de la recherche, des pratiques et de la formation. » HEP-BEJUNE, Bienne (Suisse), à distance, 31/08/2020.
- Soumission d’un article prévu dans la Revue Suisse des Sciences de l’Education.
> Voir aussi le travail de thèse de Drita Kelmendi s‘inscrivant dans le projet, intitulé
« L’enseignement des langues étrangères face à l’approche actionnelle et l’interculturalité – Comment (dé)motiver ses élèves à apprendre une langue étrangère?«
et réalisé sous la direction du Prof. Thomas Studer, Université de Fribourg):
« De nombreux chercheurs soulèvent la question de la formation et de la préparation des enseignants des langues étrangères face aux différentes approches favorisant la communication et les aspects interculturels ainsi que la transposition concrète dans les salles de classe. L’approche actionnelle et interculturelle est à l’heure actuelle au centre de l’enseignement des langues étrangères. Le Conseil de l’Europe en a fait l’une de ses exigences majeures pour la formation des enseignants de langues étrangères : « -the particular importance of the intercultural component in creating awareness of and respect for cultural differences ; -the « learning to learn » dimension, which assists lifelong development of plurilingualism ; … » (Council of Europe, 1998). Ces deux aspects sont également représentés comme des éléments clés dans le Cadre européen commun de référence pour les langues (CECR) et dans le Portfolio européen des langues (PEL).
Tous ces documents et recommandations ont fait leur apparition entre 1997 et 2001, mais leur réalisation et leur mise en pratique reste problématique encore de nos jours comme le soulève Günther Schneider dans son article Was für Fremdsprachenlehrerinnen und –lehrer brauchen wir ? […] Il semble alors légitime de chercher à comprendre comment les enseignants procèdent de nos jours. Comment se préparent-ils pour donner des cours de langues favorisant l’approche actionnelle et interculturelle et comment réussissent-ils à motiver leurs élèves ? Comment les élèves, quant à eux, perçoivent-ils les leçons de langues étrangères ? Sont-ils capables de saisir ce que leur enseignant veut leur transmettre en matière de compétence de communication interculturelle ? … »
Avancement du projet – octobre 2019 et mars 2020
Ce qui a été fait depuis le semestre de printemps 2019
Volet « impact du dispositif sur l’éveil de la conscience interculturelle des élèves et sur la motivation à apprendre », la moitié des données ont été analysées et des premiers résultats ont été présentés lors de la Conférence des Didactiques Disciplinaires (5-6 avril 2019).
Premiers résultats
Volet « impact du dispositif sur l’éveil de la conscience interculturelle des élèves et sur la motivation à apprendre » :
Les leçons ont été analysées en fonction d’une série d’objectifs (inter-)culturels à atteindre :
- les élèves apprennent quelque chose de nouveau sur la ou les cultures cibles
- les élèves comparent la culture cible avec leur propre culture (similarités et valeurs en lien avec des cultures dominantes.)
- les élèves repèrent l’existence de différentes identités sociales au sein d’une même culture (similarités et valeurs au sein de groupes sociaux divers.)
Les analyses ont montré que les élèves ont décrit et comparé des faits et comportements observables en lien avec leur vécu et les informations reçues sur d’autres cultures. Si de telles comparaisons factuelles permettent de repérer la diversité des pratiques ici et ailleurs, il manque encore une phase d’approfondissement permettant aux élèves de questionner et relativiser les différentes pratiques socioculturelles ainsi que les valeurs qui les sous-tendent.
Nos premiers résultats suggèrent que les variables en jeu pour le développement de la compétence interculturelle sont de deux ordres :
– les types de contenus apportés par les enseignant.e.s (plus ou moins stéréotypés)
– Les démarches cognitives impliquées et le niveau d’approfondissement de la réflexion (prendre connaissance, apprendre, comprendre, comparer, questionner, relativiser.)
Finalement, la majorité des élèves se déclarent motivés par les discussions en groupe concernant leurs expériences personnelles en lien avec le thème. Les élèves soulignent également la réalisation d’une tâche authentique (lettre à un correspondant ou commentaire sur un site réel) comme source de motivation significative.
Participations à des colloques ou publications à venir :
Onillon, S. (2019). Approche actionnelle et interculturelle en classe de langue étrangère: concepts enseignés et pistes de développement. 4e Colloque des Didactiques Disciplinaires. « Le dialogue des didactiques disciplinaires entre cultures linguistiques – Le développement des compétences scientifiques en didactiques dans les réseaux nationaux et internationaux. » HEP-VD, Lausanne (Suisse) 05/04/2019.
Autres commentaires/informations
Soumission d’une communication prévue pour le Congrès de la SSRE 2020 à Bienne.
Avancement du projet – février 2019
Ce qui a été fait depuis le semestre d’automne 2018
Les données sont en cours d’analyse (questionnaires distribués aux élèves, productions finales des élèves, analyse des plans de leçons, transcriptions et analyse des entretiens avec les enseignants, transcriptions et analyse des vidéos des séquences)
Dans le cadre de la thèse de Mme Kelmendi, S. Onillon et R. Gruenblatt ont donné une formation continue à 5 enseignant.e.s du secondaire 2. Mme Kelmendi vise à évaluer l’impact d’une séquence didactique actionnelle et interculturelle sur la motivation des élèves et leurs apprentissages. Ses données sont constituées de questionnaires et entretiens destinés aux élèves et d’entretiens avec les enseignant.e.s.
Participations à des colloques ou publications à venir :
Colloque des Didactiques Disciplinaires, HEP-Vaud, 5-6 avril 2019
Avancement du projet – octobre 2018
Où en est le projet?
Une formation continue (approche actionnelle et interculturelle) a été dispensée à 14 enseignant.e.s par SO et RG
Les données ont été récoltées pour 9 séquences didactiques réalisées dans des classes de l’espace BEJUNE (anglais ou allemand, sec 1 ou 2).
Etapes et données :
- Questionnaires aux enseignant-e-s sur leur vision et pratiques actuelles.
- Formation continue avec une dizaine d’enseignant-e-s (processus de réalisation des séquences selon un mode collaboratif)
- Observation et enregistrement vidéo de 9 séquences de 45 minutes suivies d’un entretien avec les enseignant-e-s.
- Questionnaires auprès des élèves portant sur leur perception de la leçon (objectifs, contenus, apprentissages langagiers, motivation personnelle).
- Tâches finales réalisées par les élèves: mise en œuvre des compétences langagières et intégration d’éléments de réflexion inter/transculturelle.
- Entretiens enregistrés avec les enseignants (perception de la leçon, degré d’atteinte des objectifs, etc.)
Ce qu’il reste à faire
Analyser les données et tester la validité du modèle théorique
Participations à des colloques
- 23/03/2018 Onillon, S., Gruenblatt, R. Approche actionnelle et interculturelle dans l’enseignement des langues : De la problématique à la récolte des données : les étapes, les questionnements, les premières observations. Deuxième journée des Didactiques Romandes. HEP-BEJUNE, Bienne (Suisse)
- 07/09/2018 Gruenblatt, R. Onillon, S. Approche actionnelle et interculturelle dans l’enseignement des langues : De la problématique à la récolte des données : les étapes, les questionnements, les premières observations. Colloque ADLES “Des langues étrangères pour tous : didactique et méthodologie”, HEP-VD, Lausanne (Suisse)