Séjour de mobilité doctorale d’Elsa Paukovics à l’Université de Sherbrooke au Québec
Elsa Paukovics est récemment devenue docteure en sciences de l’éducation de l’Université de Genève. Ses activités doctorales au sein de son laboratoire de recherche (le TECFA) l’ont conduite à entreprendre un stage de mobilité académique de 6 semaines, soutenu par le 2Cr2D , dans l’équipe de recherche du projet I-Mersion, dirigé par le prof. Florian Meyer, à l’Université de Sherbrooke.
Voici le récit d’un stage doctorale à l’étranger :
D’où est venue l’idée d’effectuer un stage à l’étranger et quelles étaient les motivations ?
Lorsque j’ai été engagée en tant qu’assistante et doctorante, je me souviens que mon directeur de thèse m’a demandé si j’étais intéressée et prête à faire une mobilité dans le cadre de ma thèse. A la base, je pensais à une mobilité de 6 mois ou un an pour travailler sur ma recherche dans un autre contexte. Malheureusement, le covid est passé par là et m’a coupé l’herbe sous le pied. Une fois que les frontières se sont ré-ouvertes, j’avais déjà collecté toutes mes données et je me lançais dans la rédaction du manuscrit. J’ai donc ré-envisagé la possibilité d’aller travailler à l’étranger quelque temps, mais plutôt dans l’idée de développer mon réseau professionnel, de découvrir d’autres manières de faire de la recherche et surtout en vue de tâter le terrain pour un potentiel postdoc. J’ai imaginé faire cette mobilité entre le dépôt du manuscrit et la soutenance. C’était une manière pour moi de découvrir la vie ailleurs, dans un autre labo, avec d’autres collègues, mais aussi de rendre visible et de valoriser ce que je faisais dans ma recherche doctorale. Depuis le début de mes études, j’avais entendu parler des recherches qui sont conduites au Canada et j’avais très envie d’aller voir par moi-même ce qui s’y faisait, de découvrir la mentalité des gens, leur rapport à la recherche et à l’éducation en général.
Comment la place de stage a-t-elle été trouvée et comment s’est opérée la prise de contact avec l’institution hôte ?
A la fin de ma première année de thèse, dans le cadre du laboratoire d’innovation pédagogique, nous avions organisé un séminaire méthodologique international au sujet des recherches orientées par la conception. Etant très impliquée dans l’organisation, l’accueil et le suivi des intervenants, j’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs chercheurs spécialistes de cette méthode de conduite de la recherche (méthode sur laquelle porte ma recherche doctorale). J’ai eu un bon contact avec Florian Meyer, un professeur québécois qui travaille à l’Université de Sherbrooke. Quelques années plus tard, lorsque j’ai souhaité effectuer une mobilité, j’ai repris contact avec lui par email pour lui exposer très clairement ma situation ; j’étais en fin de thèse, je cherchais à effectuer un stage au Canada et éventuellement de poursuivre ensuite avec un post-doctorat. Il m’a proposé d’intégrer l’un de ses projets de recherche en cours en tant que stagiaire. Je m’étais, au préalable, renseignée auprès de mon laboratoire de recherche (le TECFA) : en tant qu’assistante j’avais droit à 5-6 semaines de mobilité académique tout en conservant mon poste et mon salaire. J’ai aussi fait plusieurs demandes de financement auprès de Movetia, du Fonds Général (Unige), du 2CR2D et de plusieurs Fondations. Seul le 2CR2D m’a soutenu financièrement dans la démarche, mais c’était un excellent exercice de rédiger et soumettre ces dossiers pour demandes de financement. Ensuite, sur place Florian Meyer m’a accueilli à l’Université de Sherbrooke et m’a présentée à l’équipe de recherche du projet I-Mersion au sein de laquelle j’ai travaillé 6 semaines, notamment en collaboration directe avec Sonia Proust-Androwkha, une post-doctorante engagée sur le projet.
Qu’est-ce qui a été réalisé durant le stage et qu’est-ce que cette mobilité a permis d’accomplir ?
Concrètement, j’ai beaucoup collaboré avec Sonia sur le projet de recherche I-mersion. Elle m’a initiée à la méthode d’analyse logico-sémantique sur le logiciel Iramuteq. Nous avons travaillé sur la professionnalisation des conseillers pédagogiques en enseignement supérieur au Québéc. J’ai eu l’occasion de collecter des annonces d’emploi de “conseillers pédagogiques” et de les analyser à l’aide d’Iramuteq en vue de comprendre les tâches prescrites par les employeurs et les prérequis considérés comme nécessaires pour le poste. Nous sommes actuellement toujours en contact avec Sonia pour la rédaction d’un article scientifique à partir des résultats obtenus. J’ai également profité de ce séjour à Montréal pour participer à un séminaire organisé par l’UQAM et présenter des résultats de mon travail de thèse. J’ai eu l’occasion de rencontrer plusieurs chercheurs et de me positionner comme spécialiste de mon domaine d’étude tout en le questionnant au regard d’un nouveau contexte. C’était très enrichissant. Enfin, j’ai aussi profité de mon séjour sur place pour chercher un post doc pour “l’après-thèse”. J’ai collaboré avec Florian Meyer à la rédaction et au dépôt d’un projet en partenariat avec un établissement d’enseignement secondaire au Québec. Ce projet comprenait un financement pour mon postdoc, malheureusement, (comme bien souvent en recherche !), j’ai appris quelques jours après mon retour en Suisse que le projet n’avait pas obtenu les fonds. Je reste actuellement en contact avec l’Université de Sherbrooke et je pense soumettre un projet postdoc Mobility auprès du FNS pour retourner travailler à Montréal après ma thèse.